Prendre soin de vous comme si c'était nous.

Cancers de la sphère ORL

Les cancers de la sphère ORL, aussi appelés cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS), regroupent un large ensemble de tumeurs qui se développent dans les zones anatomiques liées à la respiration, la phonation et la déglutition. Ces cancers représentent environ 1200 nouveaux cas chaque année en Suisse, avec une incidence croissante chez les femmes en raison de la hausse du tabagisme. Une prise en charge précoce permet de limiter les complications et améliorer le pronostic des patients.

Les VADS regroupent des structures essentielles de la tête et du cou, souvent exposées à des facteurs de risque environnementaux et comportementaux comme le tabac, l’alcool ou encore des infections virales comme le papillomavirus humain (HPV). Ces cancers, bien que variés dans leurs localisations et manifestations, partagent des caractéristiques communes dans leur diagnostic, traitement, et prévention.

Anatomie des voies aérodigestives supérieures

Les VADS constituent la partie haute des systèmes respiratoire et digestif. Elles assurent le passage de l'air vers les poumons et des aliments vers l'œsophage et l'estomac. Elles incluent le nez et sinus, la cavité orale, le pharynx et le larynx. Les glandes salivaires sont fonctionnellement associées aux VADS.

anatomie sphère orl

 

Fosses nasales et sinus

Les fosses nasales, reliées aux sinus maxillaires, frontaux, ethmoïdaux et sphénoïdaux, réchauffent et filtrent l'air inspiré, jouant aussi un rôle dans l'olfaction.

Cavité buccale

La cavité buccale comprend les lèvres, les gencives, les dents, la langue mobile, le plancher buccal, les joues et le palais. Cette région joue un rôle dans la mastication, le goût, et l'initiation de la digestion.

Pharynx

Le pharynx, long d'environ 13 cm, est divisé en trois parties :

  • Nasopharynx : situé derrière les fosses nasales, il assure le passage de l'air.
  • Oropharynx : inclut les amygdales et la base de la langue, il est un passage pour l'air et les aliments.
  • Hypopharynx : situé derrière le larynx, il communique avec l'œsophage.

Larynx

Le larynx contient les cordes vocales et est essentiel pour la respiration, la phonation, et la protection des voies respiratoires contre les fausses routes.
 

Enfin, les glandes salivaires principales et accessoires produisent la salive, nécessaire à la digestion et à l’humidification des muqueuses.

Les causes des cancers de la sphère ORL

Les cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) sont influencés par plusieurs facteurs de risque, souvent associés. Voici les principales causes identifiées :

Tabac et alcool

Le tabac et l’alcool sont les principaux responsables des cancers des VADS. Lorsqu’ils sont combinés, leur effet est multiplié par 100, créant un effet synergique qui accroît considérablement le risque :

  • Tabac : plus de 95 % des cas de cancers de la cavité buccale, du pharynx et du larynx sont liés à une consommation de tabac.
  • Alcool : dans au moins 90 % des cas, la consommation d’alcool est un facteur contributeur. L’alcool agit comme un solvant, facilitant la pénétration des substances cancérogènes contenues dans la fumée de tabac.

Virus papillomavirus humain (HPV)

Certaines souches du HPV, notamment le type 16, sont clairement associées à des cancers de l’oropharynx, incluant les amygdales et la base de la langue. Ces cancers touchent souvent des patients plus jeunes, avec un meilleur pronostic comparé aux cancers induits par le tabac et l’alcool.

Virus d’Epstein-Barr (EBV)

Ce virus est impliqué dans les carcinomes indifférenciés du nasopharynx, bien que rare en Europe cette tumeur est particulièrement fréquente en Asie du Sud-Est et en Afrique du Nord.

Facteurs professionnels et environnementaux

Certains milieux professionnels exposent à des substances cancérogènes, comme l’amiante, les fumées de diesel, ou la poussière de bois. Ces expositions augmentent le risque, notamment pour les cancers naso-sinusiens.

Autres facteurs

  • Reflux gastro-œsophagien : les remontées acides chroniques peuvent irriter les muqueuses et pourrait augmenter le risque.
  • Hygiène buccale : une mauvaise hygiène buccodentaire pourrait également contribuer au développement de ces cancers.

Les différents types de cancers des VADS

Les cancers de la cavité buccale se manifestent souvent par des ulcérations persistantes ou des douleurs localisées, et plus rarement des saignements ou une difficulté à mâcher. Le diagnostic repose sur un examen clinique approfondi complété par une biopsie. Le traitement combine généralement une chirurgie locale et, dans certains cas, une radiothérapie adjuvante.

cancer vads

1. Cancer de la cavité buccale

Description et localisation :
Le cancer de la cavité buccale regroupe les tumeurs affectant les lèvres, la langue mobile, le plancher buccal, les joues, le palais dur, et parfois les gencives. Ces cancers sont souvent liés à des facteurs irritants chroniques comme le tabac et l’alcool, mais peuvent également être influencés par une hygiène bucco-dentaire déficiente.

Symptômes spécifiques :

  • Lésions ou ulcérations persistantes dans la bouche ne cicatrisant pas après deux semaines.
  • Douleurs lors de la mastication ou de la déglutition.
  • Saignements inhabituels.
  • Mauvaise haleine persistante.
  • Mobilité dentaire inexpliquée ou gonflement des joues.

Diagnostic :
Examen clinique :
Observation directe des lésions avec palpation des ganglions cervicaux.
Biopsie : Confirmation histologique pour confirmer le cancer er déterminer le type de tumeur (souvent un carcinome épidermoïde).
Imagerie : Scanner ou IRM pour évaluer l’extension locorégionale.

Traitements spécifiques :
Chirurgie :
Exérèse de la lésion avec une marge de sécurité.
Radiothérapie : Utilisée en complément post-opératoire pour prévenir les récidives, surtout dans les stades avancés
Chimiothérapie : Indiquée en association avec la radiothérapie dans les cas avancés.

 

2. Cancer de l'oropharynx

Description et localisation :
Le cancer de l’oropharynx affecte le voile du palais, les amygdales, la base de la langue et la paroi postérieure du pharynx. Une proportion croissante de ces cancers est liée à une infection par le papillomavirus humain (HPV), notamment chez des patients plus jeunes.

Symptômes spécifiques :

  • Gêne ou douleur persistante dans la gorge.
  • Otalgie réflexe (douleur irradiant vers l’oreille).
  • Ganglions cervicaux hypertrophiés.
  • Modifications de la voix
  • Dysphagie (difficulté à avaler).

Diagnostic :
Panendoscopie :
Exploration des voies aériennes supérieures avec biopsie des lésions suspectes.
IRM : Analyse de l’extension locorégionale et ganglionnaire.
Tests HPV : Recherche de l’implication du virus HPV dans la carcinogenèse.

Traitements spécifiques :
Radiothérapie :
Souvent combinée à la chimiothérapie, notamment en cas de tumeurs HPV positives.
Chirurgie endoscopique ou robotisée : Utilisée pour des exérèses précises dans certains cas localisés.

 

3. Cancer de l'hypopharynx

Description et localisation :
Le cancer de l’hypopharynx affecte la région située derrière le larynx, incluant les sinus piriformes et la région post-cricoïde. Ces cancers sont souvent diagnostiqués tardivement, avec un pronostic réservé.

Symptômes spécifiques :

  • Dysphagie progressive et douleurs irradiantes vers les oreilles.
  • Apparition d’une masse cervicale (ganglions métastatiques).
  • Sensation de corps étranger dans la gorge.

Diagnostic :
Panendoscopie :
Exploration des voies aérodigestives supérieures avec prélèvements.
Imagerie : Scanner ou IRM pour évaluer l’atteinte régionale et métastatique.
 

Traitements spécifiques :
Chirurgie radicale :
Souvent associée à une pharyngolaryngectomie totale.
Radiothérapie et chimiothérapie : Utilisées en combinaison pour les tumeurs inopérables.

 

4. Cancer du larynx

Description et localisation :
Le cancer du larynx inclut les tumeurs glottiques (cordes vocales), supraglottiques (au-dessus des cordes vocales), et sous-glottiques (en dessous des cordes vocales). Le principal facteur de risque est le tabac.

Symptômes spécifiques :

  • Enrouement ou modification persistante de la voix.
  • Dyspnée (essoufflement) ou difficultés respiratoires.
  • Dysphagie (difficulté à déglutir) et douleurs cervicales.

Diagnostic :
Laryngoscopie :
Permet une visualisation directe des lésions.
Scanner ou IRM : Pour évaluer l’extension au niveau des tissus mous et des ganglions.

Traitements spécifiques :
Radiothérapie exclusive :
Pour les tumeurs localisées glottiques.
Laryngectomie totale : Indiquée dans les cas avancés ou récidivants.
Réhabilitation vocale : Essentielle après une chirurgie majeure.

 

5. Cancer du nasopharynx

Description et localisation :
Ce cancer rare affecte la région située derrière les fosses nasales et est souvent associé au virus d’Epstein-Barr (EBV). Il est endémique dans certaines régions d’Asie et d’Afrique.

Symptômes spécifiques :

  • Obstruction nasale, saignements de nez (épistaxis).
  • Otite séreuse ou perte auditive unilatérale.
  • Tuméfactions cervicales dues à des métastases ganglionnaires.

Diagnostic :
IRM :
Pour évaluer l’extension locale et les métastases.
Tests EBV : Analyse sérologique pour confirmer l’implication du virus.


Traitements spécifiques :
Radiothérapie conformationnelle :
Méthode de choix pour ce type de tumeur.
Chimiothérapie : Ajoutée dans les cas avancés pour améliorer les taux de survie.

 

6. Tumeurs des sinus et glandes salivaires

Ces tumeurs rares se manifestent par des douleurs faciales, des obstructions nasales ou des masses palpables. L’imagerie et la biopsie par cytoponction permettent le diagnostic. Les traitements sont essentiellement basés sur la chirurgie, parfois associée à une radiothérapie.

Diagnostic des cancers de la sphère ORL

Les cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) nécessitent un diagnostic précis et structuré, intégrant un examen clinique initial minutieux suivi d’investigations complémentaires approfondies. Chaque étape du diagnostic vise à confirmer la nature de la tumeur, à évaluer son extension locale et régionale, et à guider le choix des traitements.

L’examen clinique initial constitue la première approche diagnostique. Lorsqu’un patient présente des symptômes d’alerte tels qu’une douleur persistante dans la gorge, une dysphagie, une modification de la voix ou encore une masse cervicale, le médecin procède à une inspection complète de la sphère ORL. Cette inspection inclut une observation visuelle des cavités buccales et pharyngées à la recherche de lésions suspectes, associée à une palpation des structures cervicales pour détecter des adénopathies.
L’exploration clinique est souvent complétée par une laryngoscopie indirecte. Cet examen, réalisé avec un miroir ou un nasofibroscope, permet d’examiner directement les cordes vocales, le larynx et les structures voisines. La découverte d’une lésion visible ou palpable à ce stade justifie généralement la réalisation d’examens complémentaires pour affiner le diagnostic.

Les examens complémentaires, essentiels pour confirmer la nature tumorale et évaluer l’étendue de la maladie, incluent principalement l’imagerie médicale et la biopsie. Le scanner était souvent l’examen de première intention pour cartographier la tumeur et évaluer l’atteinte des structures voisines. Il reste particulièrement utile pour des lésions pouvant atteindre les structures osseuses. L’IRM a tendance à remplacer le scanner actuellement à cause d’une analyse plus précise des tissus mous. Par ailleurs, une panendoscopie sous anesthésie générale est fréquemment réalisée. Cette exploration complète des voies aérodigestives permet non seulement de repérer d’éventuelles tumeurs synchrones, mais également de prélever des biopsies pour confirmer le diagnostic histologique.

Une fois le diagnostic posé, la classification TNM est utilisée pour stadifier la maladie et orienter les stratégies thérapeutiques. Cette classification repose sur trois critères principaux : la taille et l’extension locale de la tumeur primitive (T), l’atteinte des nœuds lymphatiques régionaux (N) et la présence éventuelle de métastases à distance (M). Par exemple, une tumeur classée T1N0M0 est limitée et sans atteinte ganglionnaire ni métastatique, tandis qu’un stade avancé comme T4N2M1 indique une tumeur invasive avec extension ganglionnaire importante et métastases à distance. Cette stadification est essentielle pour définir le pronostic et adapter les options thérapeutiques.

Traitements des cancers de la sphère ORL

Les traitements des cancers des VADS reposent sur une approche multidisciplinaire, combinant chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie et thérapies ciblées en fonction du stade de la maladie, de la localisation de la tumeur et de l’état général du patient.

La chirurgie

La chirurgie constitue le traitement de première ligne pour de nombreux cancers des VADS. Dans les cas de tumeurs localisées, l’objectif principal de l’intervention est l’exérèse complète de la tumeur avec des marges de sécurité suffisantes pour minimiser le risque de récidive. Par exemple, pour les tumeurs de la cavité buccale ou de l’oropharynx, une résection partielle ou totale des structures atteintes peut être réalisée, suivie d’une reconstruction à l’aide de greffes tissulaires pour restaurer les fonctions esthétiques et fonctionnelles. Dans les stades avancés, des chirurgies plus complexes, telles que la pharyngolaryngectomie, peuvent être nécessaires. Ces interventions s’accompagnent souvent d’un curage ganglionnaire cervical pour traiter ou prévenir la dissémination régionale.

La radiothérapie

La radiothérapie, souvent combinée ou non à la chirurgie, constitue un autre pilier du traitement. Elle peut être utilisée à des fins curatives, notamment pour les cancers du larynx à un stade précoce, ou en complément post-opératoire pour éradiquer d’éventuelles cellules résiduelles. Les techniques modernes, comme la radiothérapie conformationnelle ou l’intensité modulée (IMRT), permettent de concentrer les doses sur la tumeur tout en épargnant les tissus sains environnants. La curiethérapie, une forme de radiothérapie interne, est parfois utilisée pour des localisations accessibles comme la langue ou le plancher buccal.

La chimiothérapie

La chimiothérapie joue un rôle déterminant dans le traitement des formes avancées ou métastatiques. Elle est fréquemment associée à la radiothérapie dans les protocoles de radio-chimiothérapie concomitante, permettant une synergie thérapeutique. Ces traitements, bien que souvent efficaces, sont associés à des effets secondaires significatifs, nécessitant une prise en charge non seulement lors du traitement mais aussi au long court.

Les thérapies ciblées et immunothérapies

Les thérapies ciblées et immunothérapies, enfin, représentent une avancée majeure dans le traitement des cancers ORL. Le cétuximab, un anticorps monoclonal ciblant le récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR), est une option pour les patients ne pouvant tolérer une chimiothérapie classique. Par ailleurs, les inhibiteurs de points de contrôle immunitaires ont montré des résultats prometteurs, en particulier pour les cancers récidivants ou métastatiques.
Ces stratégies thérapeutiques, souvent combinées, sont adaptées en fonction du patient et discutées lors de réunions multidisciplinaires impliquant oncologues, chirurgiens, radiothérapeutes et autres spécialistes. La personnalisation des soins permet d’optimiser les résultats tout en minimisant les séquelles à long terme.

Quand contacter le médecin ?

En cas de symptômes persistants ou inexpliqués dans la région de la tête et du cou, il est important de consulter sans tarder un professionnel de santé. Les patients à risque, tels que les fumeurs ou les consommateurs réguliers d’alcool, ainsi que ceux présentant une histoire familiale de cancers ORL, doivent faire preuve d’une vigilance accrue.

La prise en charge à l'Hôpital de La Tour

À l’Hôpital de La Tour, la prise en charge des cancers des voies aérodigestives supérieures repose sur une approche multidisciplinaire par une équipe de spécialistes avec plus de 30 ans d’expérience dans le domaine. La prise en charge est individualisée avec souvent des traitements personnalisés pour chaque patient et son cancer. L’institution s’appuie sur des équipes performantes en chirurgie ORL ablative et reconstructive, y compris des lambeaux micro-anastomosés. Les spécialistes en radio-oncologie utilisent des machines de radiothérapie de dernière génération pour assurer un traitement efficace, tout en minimisant les effets secondaires. Les oncologues s’appuient sur des analyses moléculaires pour proposer des immunothérapies de pointe, personnalisées pour chaque cancer. Un suivi global est assuré tout au long du parcours de soin, intégrant un soutien nutritionnel et psychologique. L’accent est mis sur la qualité de vie des patients, avec des programmes de réhabilitation fonctionnelle post-traitement.

Conclusion

Les cancers des voies aérodigestives supérieures représentent un défi majeur en raison de leur diversité et de leur impact sur des fonctions vitales. La sensibilisation aux symptômes et aux facteurs de risque, combinée à des progrès thérapeutiques constants, offre de meilleures perspectives aux patients. Aujourd’hui, une prise en charge précoce, alliée à des traitements ciblés et multidisciplinaires, permet d’augmenter significativement les chances de rémission, tout en minimisant les séquelles fonctionnelles et esthétiques.

Le chiffre

nouveaux cas de cancers ORL sont diagnostiqués chaque année en Suisse, dont une grande partie pourrait être prévenue.

Le saviez-vous ?

La vaccination contre le HPV est efficace pour prévenir certains cancers ORL, notamment ceux de l’oropharynx.

Notre équipe:

Il est recommandé de consulter le(s) professionnel(s) de la santé suivant(s) :