Après avoir vécu en symbiose totale avec sa mère pendant neuf mois, un enfant vit une première séparation à la naissance. Il en connaît une deuxième lorsque sa mère reprend le travail après son congé maternité. «Cela représente un petit moment d’ajustement, pour l’enfant comme pour la mère, explique la Dre. Roberta De Luca, pédiatre et cheffe du Service de néonatologie à l’Hôpital de La Tour. Mais ce moment-charnière peut être surmonté sans difficulté.»
Mettre en place des changements progressifs
L’âge du bébé au moment où sa mère reprend le travail déterminera pour partie ses potentielles réactions. Autour de 9 mois, l’enfant a tendance à devenir craintif face à des personnes qu’il ne connaît pas. Si la famille envisage une solution de garde externe, comme une crèche, mieux vaut y aller progressivement: d’abord une demi-journée par semaine, puis deux, et ainsi de suite, pour que l’enfant ait le temps de s’habituer à son nouvel environnement.
La pédiatre Roberta de Luca précise : «Tout dépend de la personnalité de l’enfant et de l’organisation de la famille.» Certains bébés se séparent plus facilement de leur mère que d’autres, selon qu’elle avait l’habitude ou non de déléguer des tâches de soins à son conjoint par exemple.
Plusieurs réactions possibles
Les réactions de l’enfant auxquelles on peut s’attendre – mais tous bien sûr ne les manifestent pas : quelques troubles du sommeil passagers, ou parfois des résistances à s’alimenter. «Même s’il dormait bien jusque-là, le bébé peut montrer des difficultés à l’endormissement. La raison est simple: il n’a pas vu sa mère de la journée et veut passer du temps avec elle», dit la pédiatre.
Quant aux éventuelles résistances à s’alimenter, il s’agit pour l’enfant d’exprimer son désaccord avec l’éloignement de sa mère. Il peut par exemple refuser le biberon s’il avait pris l’habitude de téter. «Pour y remédier, nous conseillons à la mère un sevrage progressif, à commencer 15 à 20 jours avant son retour au travail.» Les spécialistes en pédiatrie et néonatologie préconisent de poursuivre l'allaitement maternel, puisqu’il est bénéfique pour la protection immunitaire et qu’il permet de maintenir un lien affectif fort entre la mère et son enfant. Le sevrage progressif est proposé, sur demande de la mère, lorsque son activité professionnelle ne lui permet pas de tirer son lait ou de se rendre à la crèche pour allaiter son enfant.
Des options discutées dès l’accouchement
A l’Hôpital de La Tour, la préparation à la reprise du travail est discutée dès la naissance de l’enfant. «Actuellement, un tiers seulement des familles obtiennent une place en crèche. Pour les autres, il faut trouver une maman de jour ou solliciter l’aide des grands-parents. Lors d’une consultation, nous discutons avec les parents des possibilités qui existent selon leur situation particulière, poursuit la pédiatre Roberta De Luca. Cette organisation est essentielle : une famille épanouie est un élément indispensable pour que l’enfant puisse se développer dans un environnement favorable à sa croissance.»