Dr. Myers, que représente exactement cette reconnaissance ?
L'EACTS est la plus grande association de chirurgie cardio-thoracique au monde, elle regroupe les chirurgiens européens. En tant que chairman, je serai en charge de l'un de ses quatre domaines, la chirurgie cardiaque adulte, ma spécialité.
C’est une structure dans laquelle j’étais déjà très investi, et ce depuis ma formation. J’ai en effet fait partie du comité des assistants, puis du comité congénital et je suis intégré depuis plus de quatre ans au sein du board européen de chirurgie cardio-thoracique, que j’ai le privilège de servir comme secrétaire général.
Ces expériences préalables ont donc fait de vous un choix assez naturel ?
Probablement. J’ai participé à des projets importants, notamment pour standardiser les examens à la fin de la formation en chirurgie cardio-thoracique. Ceux-ci ressemblaient un peu trop à une discussion informelle entre amis, nous sommes donc passés à quelque chose de très standardisé, avec des QCM supervisés étroitement par des spécialistes en éducation médicale, et nous lançons maintenant un examen à distance dans le cadre de la pandémie.
Je suis également très actif sur les réseaux sociaux pour mettre en avant et discuter les dernières données scientifiques. Nous avons travaillé sur plusieurs études et remis en question des articles qui posaient problème dans leurs résultats, sur des sujets qui ont un impact majeur dans les guidelines de notre spécialité. Grâce à ce travail d’équipe, la société européenne de cardiologie (ESC) va par exemple revoir avec notre association les guidelines de revascularisation myocardique. Mon travail a été remarqué et a effectivement motivé mes confrères à me donner plus de responsabilités.
Donc, contrôler la justesse et le bien-fondé de la recherche fait aussi partie de vos responsabilités dans ce nouveau poste ?
D’une certaine manière oui, mais il s’agit avant tout d’aider et motiver les autres au sein de taskforces dans plusieurs sous-spécialités. Et la chirurgie cardiaque en compte beaucoup : coronaires, valves, traitements par cathéters, chirurgie aortique… Mon rôle sera davantage de chapeauter et d’aider, de soutenir les différents domaines dans leurs progrès au sein de l’association.
La reconnaissance dont vous profitez est assez inhabituelle pour un médecin en pratique privée…
Il est vrai que les associations de ce type sont souvent remplies de médecins académiciens, venus de centres universitaires. J’y garde un pied, par un privat-docent à la faculté de médecine de l’Université de Genève et comme consultant au CHUV, mais c’est une petite partie de mon activité. La principale est ici, au bloc opératoire à La Tour. Il est effectivement positif que l’EACTS casse les habitudes et représente également les praticiens et cliniciens actifs au jour le jour. Montrer qu’il ne faut pas forcément être dans un centre universitaire pour contribuer activement à ces associations est une bonne chose.
A ce sujet, que pensez-vous de la place que l’Hôpital de La Tour accorde à la formation et à la recherche ?
Notre pratique clinique s’inscrit dans le cadre d’une médecine de pointe et de l’utilisation des données les plus récentes, afin de continuer à pratiquer avec les meilleurs résultats. Connaître les dernières études et si possible y participer est très important. Cet esprit est très présent à l’Hôpital de La Tour et chez une grande partie de ses médecins. Bon nombre d’entre eux publient des articles de qualité de manière soutenue et sont très régulièrement cités.
Nous avons ici une possibilité réelle de garder un lien avec la recherche. L’institution s’implique et l’on voit que les médecins sont intéressés, qu’ils lancent des collaborations au niveau local comme international. Le soutien que l’Hôpital de La Tour nous offre à ce niveau est excellent. Et nos initiatives en faveur de la qualité apportent également beaucoup de possibilités. Pouvoir mesurer ce qu’on fait et analyser nos pratiques nous permet d’améliorer nos résultats. Nous devenons ainsi plus crédibles envers nos patients et pouvons mieux les informer.
Qu’est-ce qui vous attend dans vos nouvelles fonctions et dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Il va y avoir beaucoup de travail, notamment dans l’analyse de traitements moins invasifs proposés par nos collègues en cardiologie, avec lesquels nous travaillons tous les jours de manière très collaborative. Nous aurons l’opportunité de réfléchir ensemble au développement harmonieux de certaines technologies et de certains traitements qui gagnent actuellement en popularité, en nous assurant des bénéfices pour les patients et du cadre exact dans lequel les appliquer. De façon générale, je m’attends à des défis intéressants et des collaborations enrichissantes. J’éprouve beaucoup de fierté à être ainsi reconnu par mes pairs et je me réjouis de cette opportunité.
Propos recueillis par Yannick Richter, chargé de communication.